L'an 888 - Le Royaume de Bourgogne

François Demotz a signé de nombreuses contributions en relation avec la Bourgogne autour de l’an mil, qui l'ont conduit à défendre, en juillet 2002, à Lyon III, sa thèse intitulée : "La Bourgogne transjurane (855-1056). L'évolution des rapports de pouvoir dans le monde post-carolingien" et qui a trouvé sa version commerciale de 764 pages en 2008 : "La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens (855-1056). Roi, pouvoirs et élites autour du Léman". De l’éclatement de l’empire carolingien, le royaume de la Bourgogne qui émerge en 888 est le plus modeste, mais l’un des plus durables. C’est en effet la seule zone de l’ancienne Lotharingie qui survit comme entité politique, menacée par ses deux grands voisins, la Francie occidentale et la Germanie. En raison de sa position autour des routes qui assurent le passage entre l’Allemagne et l’Italie et qui mènent à la Francie, il résiste habilement et au nom d’une stratégie familiale aux velléités de mainmise. Les rois germaniques, à l’affût dès 926, devront attendre la mort de Rodolphe III, en 1032, pour rattacher les terres de la Bourgogne au Saint-Empire. La connaissance de l’histoire de la Suisse romande qui forme la partie centrale de la Bourgogne, avec une forte cohérence politique et territoriale, est renouvelée. L’abbaye de Saint-Maurice, la cathédrale de Lausanne et les couvents clunisiens de Romainmôtier et de Payerne en sont les lieux emblématiques ; ils sont les mieux documentés. Les usages carolingiens se maintinrent plus longtemps qu’ailleurs, les phénomènes de la féodalité et l’accaparement des terres par les familles seigneuriales se manifestèrent plus tardivement qu’alentour.

Si la mémoire collective a gardé le souvenir de la reine Berthe comme la fondatrice de l'abbaye de Payerne, alors qu'il s'agit de sa fille, Adélaïde, soutenue dans ses actions bienfaitrices par le grand Odilon de Cluny, elle a agité les historiens et les essayistes. Ceux-ci, dès le XVIIIe siècle, en ont fait le premier référent de la Suisse romande ; certains ont exacerbé les traits de sa latinité, ce qui est inexact sous l’angle de la conscience historique ou d’un sentiment ethnique, mais exact dans le sens d’une période féconde et dynamique.

Par sa publication, François Demotz donne le cadre obligé de toute nouvelle étude sur les rois rodolphiens, en lui fournissant une excellente cartographie qui parsème le texte

par Gilbert Coutaz le 13/12/2020 12:13