Dans la mesure où la philosophie occidentale consiste premièrement en une réflexion théorique sur l’être, la philosophie de la nature se trouve au centre de la philosophie depuis ses origines dans la Grèce ancienne. Les premiers présocratiques, tels que Thalès (env. 640 avant J.-C.), Anaximandre (env. 611-549 avant J.-C.) et Anaximène (deuxième moitié du 6e siècle avant J.-C.), sont considérés comme des philosophes de la nature puisqu’ils avancent des hypothèses audacieuses sur l’être des choses. De leurs réflexions naquirent les sciences de la nature ainsi que la philosophie, les deux demeurant inséparables de leur origine à nos jours.
Notre concept « nature » vient du concept grec physis, lui-même dérivé du verbe phyein, qui peut être traduit par « être engendré, croître ». Selon la première philosophie de la nature systématique, la Physique d’Aristote (384-322 avant J.-C.), la physis est le domaine de ce qui est en soi, en tant qu’elle a en soi le commencement du changement et la continuation de son existence. La physis d’une chose est ce qui fait que cette chose existe par elle-même. Nous voyons ici comment les deux sens actuels du mot « nature » convergent : nature en tant qu’essence d’une chose et nature en tant qu’ensemble des choses qui existent par elles-mêmes. Par conséquent, Aristote n’oppose pas le domaine de la nature au domaine de l’esprit, mais plutôt au domaine de la technique, compris comme domaine des choses qui trouvent leur origine dans l’action de l’homme (voir, en particulier, Physique, livre 2, chap. 1). L’esprit – compris comme étant ce dont dispose un être doté de perceptions, d’émotions, de désirs, de croyances et d’intentions – existe par lui-même et, à ce titre, il appartient à la nature.
L’étude critique de la connaissance scientifique
L’idée de l’atomisme
La physique et la métaphysique cherchent toutes deux, dans un commun effort, à formuler une réponse aux questions suivantes :
1) Qu’est-ce que la matière ? Qu’est-ce que l’espace et le temps ?
2) Quelles sont les lois de la nature ?
3) Comment la matière dans l’espace et le temps, dans la mesure où elle est soumise à certaines lois, explique-t-elle les phénomènes observables ?
Ces questions sont à la fois scientifiques et philosophiques. Elles concernent l’être de la matière, de l’espace et du temps, ainsi que les lois et la forme concrète que prend cet être, nous permettant ainsi de comprendre le domaine du monde qui nous est familier.
l’atomisme met en avant une explication claire et facile à comprendre du domaine de notre expérience. Les objets macroscopiques sont composés de particules microscopiques indivisibles. Toutes les différences entre les objets macroscopiques – en un temps donné ainsi au’au fil du temps – s’expliquent par la manière dont ces particules sont arrangées dans l’espace et dont cet arrangement change dans le temps, c’est-à-dire, par le mouvement des particules. C’est la raison pour laquelle, à l’époque contemporain, le physicien Richard Feynman (1918-1988) affirme ceci au début de son fameux Cours de physique (1964) :
« Si, dans un cataclysme, toute notre connaissance scientifique devrait être détruite, et qu’une seule phrase passe aux générations futures, quelle affirmation contiendrait le maximum d’information dans le minimum de mots? Je pense que c’est l’hypothèse atomique (ou le fait atomique, ou tout autre nom que vous voudrez lui donner) que toutes les choses sont faites d’atomes – petites particules qui se déplacent en mouvement perpétuel, s’attirant mutuellement a` petite distance les unes des autres et se repoussant lorsqu’on veut les faire se pénétrer. Dans cette seule phrase vous verrez qu’il y a une énorme quantité d’informations sur le monde, si on lui applique simplement un petit peu d’imagination et de réflexion. » (traduction tirée de Feynman 1999, vol. 1, ch. 1-2).
Cet article n'est qu'une courte introduction au livreprésenté ci-dessous, comprenant quant à lui une analyse complète du sujet.

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Extrait du titre Philosophies des sciencesPublié chez EPFL PRESS



